A son avis… L’agilité et l’imagination nous permettront de ne plus subir.

Pendant l’épidémie du COVID, la rigueur et le sérieux des professionnels de santé ont permis au système de soins de s’adapter et de tenir, même si les coûts humains ont été énormes.

Car l’épidémie a mis en évidence nos faiblesses. Parmi elles, l’hyperbureaucratisation et la centralisation auxquelles il faudra mettre un terme. C’est d’ailleurs ce que propose aussi Bruno Retailleau. Les solutions existent pour réformer véritablement l’hôpital et notre système de soin et il nous faudra collectivement relever les nombreux défis auxquels nous faisons face.

A MON AVIS, il faut d’abord régionaliser le système hospitalier et cibler les financements vers les soins plus que vers les administrations. Nous devons aussi former plus de médecins et de paramédicaux, et réfléchir à de nouveaux métiers ainsi qu’à des passerelles réelles entre professions pour mettre fin aux déserts médicaux et aux lits fermés par défaut de personnel.

Faire collaborer la médecine de ville, l’hôpital et les structures médico-sociales grâce à des « parcours patients » est aussi essentiel : à la médecine de ville, le suivi des pathologies chroniques ; à l’hôpital, la prise en charge des diagnostics complexes et des complications aiguës. Les informations médicales devraient être partagées entre la médecine de ville, l’hôpital et les EHPAD. Nous devons aussi profiter de la digitalisation de la médecine et des objets de santé connectés pour améliorer la qualité des soins. Le contexte l’a montré, nous manquons cruellement de lits de réanimation en temps de crise comme celle que nous traversons : augmentons nos capacités d’urgence et de réanimation pour que l’âge des patients ne soit plus une variable d’ajustement quand le système craque. La publication des résultats des hôpitaux pourrait à la fois guider les patients et inciter à améliorer la qualité des soins.

Enfin, la prévention est restée le parent pauvre du système : l’exercice, la santé environnementale et la qualité de l’alimentation doivent être des priorités nationales. Le recours en routine à l’intelligence artificielle et à des outils tels que la métagénomique doivent nous aider à bâtir les outils de surveillance épidémiologiques qui nous ont manqué. Enfin, la France a raté les avancées scientifiques de cette crise : les vaccins à ARN messagers et le séquençage. Nous devons rebâtir une recherche innovante et attractive. Au-delà, l’apprentissage de la démarche scientifique à l’école, salutaire pour notre recherche, aidera à former des citoyens à l’esprit critique éclairé et à l’intelligence ouverte.

Il faut que nous tirions collectivement les leçons de cette crise, que nous fassions preuve d’agilité et d’imagination pour ne plus subir.

Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris et Maire LR de La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine)