UN REGARD SUR... le nucléaire et la politique énergétique de la France

Il y a entre le discours d’Emmanuel Macron au Creusot sur l’excellence de notre filière nucléaire et le projet de loi climat examiné en ce moment à l’Assemblée un gouffre. Cette industrie qui fournit à la France plus de 70% de son électricité apparaît comme une des grandes absentes de l’agenda politique du gouvernement alors qu’Emmanuel Macron en tressait les louanges dans son discours du 8 décembre 2020.

Dans le contexte de transition énergétique et d’augmentation de la consommation d’électricité que nous connaissons, la France, avec le nucléaire, peut être le leader européen de la production énergétique décarbonée : les italiens qui ont refusé le nucléaire par référendum nous achètent notre électricité et nous construisons les centrales nucléaires anglaises. Les espagnols ont détruit leurs paysages et leurs sols avec d’immenses champs d’éoliennes ; et les allemands après avoir abandonné le nucléaire au profit de l’éolien et du solaire, rouvrent des centrales à charbon, faute d’une production d’électricité suffisante !

L’industrie nucléaire fait vivre aujourd’hui 220 000 personnes et près de 3 000 entreprises sur notre territoire. Nous devrions en être fiers : cinquante ans de travail et de recherche de nos meilleurs ingénieurs et techniciens permettent aujourd’hui de produire avec 7 grammes d’uranium autant d’énergie qu’une tonne de charbon, sans émettre la moindre particule de dioxyde de carbone ! Au lieu de cela, depuis près de dix ans, nous complexons sur l’une de nos plus grandes forces.

Quand nos gouvernants accepteront-ils de voir enfin cette industrie du nucléaire comme le moyen d’avoir une avance considérable dans la transition énergétique ? Alors que les autres pays doivent décarboner leur électricité à coups d’énormes investissements, nous avons atteint cet objectif depuis déjà quarante ans. Nous pourrions être leaders dans l’étape de décarbonisation de nos transports et notre industrie grâce à l’hydrogène que nous pouvons obtenir sans polluer grâce à l’électricité produite par le nucléaire.

Pour éviter que le nucléaire français ne meure, le temps est compté.

  • En premier lieu, le Président doit initier le remplacement des réacteurs nucléaires actuels par ceux de la troisième génération, les réacteurs EPR. Les ingénieurs français sont prêts mais nous avons déjà été doublés par la Chine qui en a deux en fonctionnement depuis plus d’un an. Si rien n’est fait nous risquons de perdre définitivement notre maîtrise et notre savoir-faire.
  • En parallèle, il faut lancer le projet Cigéo qui règlera la question des déchets nucléaires. Ce projet d’enfouissement ultra-sécurisé n’attend plus que l’aval du gouvernement qui se laisse intimidé par des organismes anti-nucléaires.

Ces deux décisions courageuses et nécessaires verront-elle le jour ? Oui veut-on répondre en écoutant Emmanuel Macron au Creusot. Sans doute jamais quand on connaît la position de la Ministre en charge de l’énergie sur le nucléaire.

Mais que pense et que veut vraiment Emmanuel Macron en matière de politique énergétique ?

Une transition énergétique efficace et intelligente impose de refuser l’écologie politique, idéologie responsable de la fermeture de Fessenheim. Alors que cette centrale pouvait fonctionner jusqu’en 2041, la France doit maintenant acheter à l’Allemagne de l’électricité produite au charbon pour compenser les pertes ! L’écologie n’appartient à aucun camp, la préservation de notre environnement est une réalité qui demande du pragmatisme et non des croyances.

Enfin, le nucléaire est aussi le seul choix qui permettrait notre souveraineté énergétique. Un modèle énergétique reposant sur le solaire et l’éolien présente des limites pour notre environnement et notre biodiversité mais il est aussi contraire à nos intérêts économiques : les panneaux solaires sont aujourd’hui produits en Chine et les fabricants d’éoliennes sont danois, espagnols ou allemands. Rester à la pointe de la modernité dans le domaine du nucléaire doit donc être une priorité pour les dirigeants français. Cela commence par le rachat des turbines présentes dans les centrales vendues au géant américain General Electric sous l’autorité de… Emmanuel Macron, alors ministre des finances de François Hollande.

Relancer la filière nucléaire française est aujourd’hui indispensable pour protéger l’environnement et conserver notre indépendance énergétique. La France a les cartes en main, mais pour combien de temps encore ?

 

Caroline, 25 ans.


« Si nous n’enclenchons pas une révolution pénale, nous aurons une insurrection électorale »

Interview parue dans le Figaro le 11 mars 2021

Président du groupe Les Républicains au Sénat, le sénateur de la Vendée propose une série de principes et de mesures pénales pour lutter contre les phénomènes d’hyperviolence, dont l’actualité fait état sur le territoire national de manière régulière.

 

LE FIGARO.- Jean Castex organise une réunion interministérielle sur le phénomène brûlant des bandes, vendredi. Le gouvernement a-t-il les moyens de relever ce défi ?

Bruno RETAILLEAU.- Ce n’est pas un énième plan contre les bandes qui peut colmater la brèche. La Duchère, Rilleux-La- Pape, Bron, Pantin, Beauvais, Poissy, deux adolescents grièvement blessés, une jeune fille de 14 ans jetée dans la Seine, une rixe dans le 16e arrondissement de Paris… Chaque jour apporte son lot d’émeutes, de guérillas urbaines, de batailles rangées. Le phénomène des bandes a progressé de 24 % depuis 2019. Nous assistons à la chronique quotidienne d’une barbarie ordinaire.

Pourquoi jugez-vous urgent de sonner l’alarme ?

Car nous sommes en train de nous habituer à cette barbarie ! S’abandonner à la fatalité, c’est faire preuve de lâcheté. Au contraire, nous devons réagir car ces troubles à l’ordre public créent un trouble à l’ordre civique : plus d’un Français sur deux n’a plus confiance en la justice. Ce dont nous avons besoin c’est d’une révolution pénale, pour remettre les choses à l’endroit.

Quel bilan faites-vous des années Macron en matière de lutte contre l’insécurité ?

Dans ce domaine, son échec est flagrant. Sa faute originelle est d’avoir donné raison aux ultra-violents de Notre-Dame-des-Landes contre les décisions de justice et la démocratie. Il a enclenché un mécanisme profondément destructeur. Un cap a été franchi pendant ce quinquennat, non seulement dans le degré des violences mais aussi dans leur périmètre : il y a désormais une violence rurale que nous n’avions jamais connue.

Quelles sont les causes profondes de cette hyperviolence ?

Il y a un délitement de l’autorité familiale, l’école ne transmet plus certaines valeurs cardinales. Et là où il n’y a plus d’éducation, ni de transmission, la barbarie apparaît. À force d’avoir dit pendant des années que tout se vaut, la frontière entre le bien et le mal s’est effacée chez certains jeunes. Ce nihilisme est absolument terrifiant. Nous pourrons multiplier éternellement les Beauvau de la sécurité mais si nous ne traitons pas les causes, nous n’y arriverons jamais.

Que proposez-vous pour lutter contre ce fléau ?

La sanction est la première mesure éducative, le seul moyen pour que ces jeunes délinquants prennent conscience de la gravité de leurs actes. Il faut rétablir une proportionnalité entre la gravité de l’acte et la sanction. C’est la raison pour laquelle il faut ne faut plus que la main de l’État tremble : il faut une révolution pénale avec deux principes forts. Le premier consiste à remettre la victime au centre de la décision judiciaire. La question n’est pas de savoir si le délinquant peut avoir ou non des circonstances atténuantes mais d’évaluer les dommages de la victime, notamment en matière d’intégrité physique. Le deuxième principe est de ne pas avoir en France d’infraction sans peine, ni de peine sans exécution. En Loire-Atlantique, après 34 vols et cambriolages, un mineur de quinze ans a simplement écopé d’un rappel à la loi. Il faut supprimer le rappel à la loi. La loi n’a pas à être rappelée, la loi doit être appliquée. Je propose aussi d’abaisser la majorité pénale à 16 ans, puisque les 16-17 ans représentent plus de la moitié des jeunes délinquants dont nos juridictions sont saisies. Il faut encore envisager la création de courtes peines de prison dans des centres dédiés car ces peines sont les seules sanctions réellement dissuasives. Cela a été fait à New York dans les années quatre-vingt-dix mais aussi aux Pays Bas où les premiers délits sont sanctionnés par la détention, où l’on incarcère deux fois plus qu’en France mais où l’on compte deux fois moins de détenus en prison. Si cela marche en Hollande, pourquoi la France ne le ferait-elle pas ? Malheureusement, le gouvernement a choisi la voie inverse : la loi de mars 2019 rend impossible de fixer une peine de prison inférieure à 1 mois. Et les peines comprises entre 1 et 6 mois sont exécutées, par principe, en dehors de la prison. En réalité, nous ne sommes pas sortis de l’ère Taubira et nous voyons, avec Éric Dupond-Moretti le prolongement d’une idéologie qui envisage la prison que comme un dernier recours. C’est la culture de l’excuse. Mais à force de ne pas sanctionner, on ne décourage pas la récidive et l’on instaure, de fait, un droit de tabassage. Cette hyperviolence est le fruit d’un hyperlaxisme qui déresponsabilise les coupables, démoralise les victimes et décrédibilise la justice.

Cette politique ne risque-t-elle pas de se heurter au problème de la surpopulation carcérale ?

Il faut créer plus de places de prison, ce devrait être une priorité. Pour les mineurs, il faudra prévoir au moins un centre par région.

Pourquoi jugez-vous indispensable d’agir à l’échelon parental ?

Car le premier lieu de responsabilité, c’est la famille. C’est pourquoi je propose de responsabiliser les parents démissionnaires en prévoyant la suspension des aides sociales et familiales. Je demande au garde des Sceaux de rédiger une circulaire aux parquets pour favoriser un usage plus grand de l’article 227-7 du Code pénal.

Quelles sont les conditions pour la mise en œuvre d’une telle « révolution pénale » ?

Il faut d’abord un courage politique, et ensuite il faut des moyens. Le poids des dépenses régaliennes justice, sécurité et défense était de 6,5 % en 1965 contre 2,5 % aujourd’hui. Un plan Marshall s’impose pour réarmer la police et la justice. Nous n’avons pas assez de greffiers et la France compte moitié moins de magistrats pour 100 000 habitants que la moyenne européenne. Cela représente très peu de choses par rapport au « quoi qu’il en coûte » présidentiel. Si nous n’enclenchons pas cette révolution pénale, nous aurons une insurrection électorale.

La question migratoire vous semble incontournable dans cette réflexion. Pour quelles raisons ?

La justice est aujourd’hui submergée par les vagues d’une immigration incontrôlée. Rien qu’en région parisienne, en novembre dernier, le parquet de Paris a fait savoir que près de 75 % des mineurs jugés étaient étrangers. Ces jeunes MNA (mineurs non accompagnés) occupent parfois plus de 50 % des places dans les centres où ils sont placés, sachant que certains sont de faux mineurs ! Je propose que le refus de se prêter à un test osseux soit considéré comme une présomption de majorité. Par ailleurs, il faut réécrire le droit des étrangers, pour pouvoir expulser, restreindre le nombre d’entrées mais aussi durcir les conditions d’obtention de la nationalité.


A son avis... Il faut aller chercher l'argent dans la poche de ceux qui pratiquent la fraude sociale - Charles Prats

Il faut aller chercher l'argent dans la poches de ceux qui pratiquent la fraude sociale plutôt que dans celles des contribuables !

Où passe l’argent des contribuables ? Telle est la question que beaucoup de Français se posent à l'heure de l'explosion des déficits publics, du manque de moyens de nos hôpitaux et de la gestion hasardeuse de la crise sanitaire liée au Covid, contrainte par l'état de nos finances publiques. À la veille de la pire crise économique et financière que la France risque de connaître depuis la guerre et avant de demander aux Français de se serrer la ceinture, il est grand temps de s'occuper des arnaques multiples qui coûtent très cher aux contribuables.

Grâce à la commission d'enquête de l'Assemblée Nationale créée à l'initiative de Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, nous avons pu découvrir l'ampleur des dégâts. Le directeur de la Sécurité sociale a ainsi affirmé sous serment à l’Assemblée nationale que 73,7 millions de personnes bénéficiaient de prestations sociales en France. Or, le problème est qu’il y a 67 millions d’habitants en France selon l’Insee. Si l’on retire les 1,8 millions de personnes non résidentes bénéficiaires, essentiellement des personnes qui passent leur retraite à l’étranger, on obtient 4,9 millions d’individus fantômes qui touchent des prestations et ont des droits ouverts à la sécurité sociale française ! Et en réalité, il semble que ce nombre soit encore plus élevé. Selon la Cour des comptes, qui a rendu ses conclusions sur la fraude sociale le 8 septembre 2020, il y aurait 75,3 millions d'assurés sociaux, ayant consommé ou non des soins en 2018. Un écart qui concerne des assurés nés à l’étranger comme en France. Avec parmi eux, des assurés qui ne résident plus en France de manière stable et n’ont pas vu leurs droits clôturés. La Cour des comptes s'est inquiétée – enfin – à juste titre de ce “surplus” de 8,2 millions d'assurés sociaux par rapport au nombre de gens existant sur le territoire français. La fraude pourrait donc être pire que ce que j’ai annoncé dans mon livre Cartel des Fraudes.

La Cour des Comptes a lâché une bombe dans ce même rapport mais bizarrement peu de journalistes l’ont relevée : on paierait des retraites à 7,7 millions de personnes nées à l’étranger, alors qu’il y a au total 14,5 millions de retraités en France et que, d’après le recensement de l’Insee, nous avons, en 2020, 8,4 millions de personnes nées à l’étranger résidant dans l’Hexagone. On aurait donc 80 % des personnes nées à l’étranger résidant en France qui seraient retraitées ! C’est complètement délirant. Les faits sont têtus, les chiffres sont là et ils traduiraient manifestement une fraude massive à l’aide de fausses identités. Le sénateur LR Sébastien Meurant s'est saisi récemment de ce sujet gravissime.

Quant aux cartes Vitale actives en surnombre, le rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale dirigée par les députés LR Patrick Hetzel et UDI Pascal Brindeau les estime en septembre 2020 à plus de 1,8 million, dont un peu plus de 75 000 centenaires (pour seulement 21 000 au recensement INSEE). On vit très vieux en France quand on bénéficie d'allocations ! Et les trois recordmen de longévité du « Cartel des Fraudes » ont 128 ans ! Jeanne Calment est battue... Sur cette question des cartes Vitale en surnombre, on notera que les alertes que j'ai pu lancer depuis 2018 ont permis, en toute discrétion, de retirer de la circulation plus de 2,6 millions de cartes actives entre septembre 2019 et juillet 2020. Comme quoi les lanceurs d'alerte ne versaient pas dans les "fake news"...

Cette question des fraudes aux prestations sociales n'est pas anecdotique. Et elle concerne parfois des individus fort peu recommandables. La question du détournement des aides sociales par les terroristes islamistes est connue depuis plusieurs années. La sénatrice Nathalie Goulet avait mis en lumière ce scandale dès 2014. De même que les escroqueries aux crédits (automobiles, crédits à la consommation, etc.). L’État islamique promeut d’ailleurs les vols d’argent aux « mécréants ». Concernant par exemple le terroriste Zakaria Asbai, il avait pu obtenir un numéro de sécu en France avec des faux papiers belges. Beaucoup d’immigrés illégaux réussissent ainsi à travailler chez nous en produisant des faux papiers provenant soi-disant de pays européens. Ils ont plus de facilités pour s’inscrire dans notre système social car on ne demande pas de titre de séjour à des ressortissants européens. Il faut comprendre que la fraude documentaire est la mère de toutes les fraudes. Un tiers des personnes nées à l’étranger et immatriculées à la Sécu pourraient l'avoir été sur la base de documents à l'authenticité douteuse selon le service spécialisé en faux papiers de la police de l'air et des frontières ! 33% de taux de fraude documentaire, c'est bien plus que ce qui ressortait du controversé rapport Vanlerenberghe de 2019...

Que faire pour lutter contre ces fraudes ? A MON AVIS, il faut d'abord en finir avec l'inertie administrative et la minimisation de l’importance des malversations commises. Le décloisonnement des données, qui permettrait de croiser des fichiers pour lutter efficacement contre la fraude, rencontre des oppositions très vives au sein de la haute administration et surtout de la CNIL, voire du Conseil constitutionnel. Cela renvoie aussi à la question de la validité des identités. Les personnes existent-elles réellement ou pas ? Ces gens sont-ils sur le territoire national et doivent-ils avoir des droits ouverts ou pas ? D’où l’idée de créer un système qui restreigne les possibilités de frauder. La France a le record du monde des dépenses sociales, avec près de 800 milliards chaque année. Celles-ci s’élevaient à 31,2 % du produit intérieur brut (PIB) en 2018, alors que la moyenne OCDE est de 20 %. Quand vous avez un système « open bar », il ne faut pas s’étonner qu'il soit le plus fraudé au monde.

La lutte contre les fraudes se concentre aujourd'hui sur la recherche a posteriori des irrégularités, alors que celles-ci pourraient souvent être empêchées a priori, dès la gestion courante des prestations. On doit pour cela évidemment passer à la certification biométrique du numéro de Sécurité Sociale.

Le Sénat est, comme souvent, à la pointe des réformes indispensables. Sur un sujet aussi important que celui de la protection de nos finances publiques, on ne peut que se réjouir que les sénateurs aient voté le 11 mars la proposition de loi de la sénatrice Nathalie Goulet et du groupe UDI, avec le concours actif de Bruno Retailleau et de son groupe, contre la fraude sociale.  

 

Charles PRATS, Secrétaire National de l'UDI en charge de la lutte contre la fraude aux finances publiques, auteur du Cartel des Fraudes (éditions Ring, 2020).


Le social, au-delà des besoins individuels, exprime le destin d’un peuple.

Tribune parue dans La Croix le 12 mars 2021

 

Mardi dernier, le Sénat a posé un acte de justice sociale en votant la déconjugalisation du calcul de l’allocation aux adultes handicapés, offrant plus d’autonomie et de reconnaissance à nos concitoyens porteurs d’un handicap.

Mais à travers cette mesure solidaire, c’est aussi une autre conception de la solidarité nationale que les sénateurs ont privilégiée. Moins comptable et plus humaine. Moins générale et plus personnelle. Car tel est l’un des tous premiers défis aujourd’hui : rendre notre modèle social plus humain en partant non pas des aides à distribuer, mais des personnes à aider. Défi immense tant le développement de notre Etat providence a étouffé, dans les multiples replis administratifs qu’il a créés, la nécessaire exigence d’humanité.

Car partir des personnes à aider, c’est d’abord reconnaître que notre système social atteint un tel degré de complexité qu’il blesse la dignité de ceux qu’il lui revient d’accompagner. Baladés de guichet en guichet, de formulaires à demander aux demandes à formuler, beaucoup de nos concitoyens ont parfois le sentiment de n’être que des dossiers. Personnaliser, c’est d’abord simplifier. Et en matière de simplification, les possibilités ne manquent pas ! Nous proposons de confier la gestion des caisses d’allocations familiales aux Départements, pour que les familles ou les plus précaires n’aient plus qu’un seul interlocuteur ; mais également d’associer Pole Emploi aux Régions afin que ceux vivant l’épreuve du chômage puissent être réellement accompagnés, de l’indemnisation jusqu’à la formation. Du reste, humaniser l’accompagnement des personnes privées d’emploi, c’est aussi faire en sorte que certaines aides puissent être renforcées quand la situation sociale l’exige. Pourquoi ne pas réfléchir à un système plus juste et efficace permettant d’augmenter les indemnités chômage quand surviennent des chocs économiques majeurs ?

Partir des personnes à aider, c’est également prendre en compte non pas seulement les ressources dont elles disposent mais celles, aussi, qu’elles apportent à la société, et qui justifient un soutien de la collectivité. Ainsi en allait-il de la politique familiale jusqu’à ce que les allocations aux familles soient placées sous conditions de ressources ou que le quotient familial soit raboté. Cette dérive, inaugurée par François Hollande et poursuivie sous le quinquennat d’Emmanuel Macron, est à l’origine de la chute récente de notre taux de natalité, seul indicateur français qui, jusqu’alors, n’étais pas passé au rouge ! Mais qui paiera les retraites des plus âgés si notre taux de natalité continue de s’effondrer ? Qui assurera ce renouvellement des générations qui est la marque des grandes nations ? Parce qu’il n’y aura pas de véritable redressement économique sans dynamisme démographique, nous proposons de rétablir l’universalité des allocations aux familles et de relever le quotient familial. Par ailleurs, et au-delà même de la politique familiale, cette logique comptable des plafonds de ressources produit des effets de seuil nocifs pour la reprise d’activité et contraires à l’exigence de justice. Est-il juste qu’un euro de plus de salaire puisse entrainer une perte de plusieurs centaines d’euros d’aides ? Substituons à ce système en escalier, avec des paliers de ressources à ne pas dépasser, un autre, plus linéaire et moins brutal, pour que le montant des aides versées soit réellement proportionnel aux revenus gagnés.

Partir des personnes à aider, c’est enfin assumer une part de fermeté à l’égard de ceux qui trichent. Car dans un pays où vivent désormais 10 millions d’individus sous le seuil de pauvreté, le scandale de la fraude sociale ne peut plus être tu. Disons les choses : c’est d’abord dans la poche des fraudeurs qu’il nous faut aller chercher l’argent nécessaire pour réformer notre modèle social. Des solutions existent, de la mise en place de la carte vitale biométrique à l’obligation que les prestations sociales soient versées sur un compte français ou européen, en passant par l'habilitation d'agents chargés de détecter la fraude. Seule manque la volonté.

Malgré les replis et les divisions, la solidarité nationale demeure au cœur de l’identité française. Car pour nous, Français, le social est bien plus que le social. Il est une part de ce « commun » qui au-delà des besoins individuels, exprime le destin d’un peuple, porte cette espérance si française proclamée par les hommes du CNR : « instaurer un ordre social plus juste ». Cet héritage d’une génération éprouvée, il nous revient désormais, face à l’épreuve, de le préserver.

 

Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée, président du groupe Les Républicains au Sénat

Philippe Mouiller, sénateur des Deux-Sèvres, vice-président du groupe Les Républicains au Sénat

 

 


Islamo-gauchisme : la liberté académique existe-t-elle toujours dans les universités françaises ?

Une fois n’est pas coutume, il convient de saluer les personnalités politiques qui font preuve de courage dans l’exercice de leurs responsabilités, y compris quand elles émanent d’une autre formation politique.

C’est le cas de Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement Supérieur, qui souhaite ouvrir une enquête sur l’islamo-gauchisme après avoir déclaré : « L’islamo-gauchisme gangrène la société dans son ensemble et l’université n’est pas imperméable. »

La polémique ne s’est pas faite attendre et il est amusant de constater que ceux qui ont fait du « privilège blanc » du « racisme systémique », de la « domination hétéro-patriarcale » des concepts scientifiques indéboulonnables sont ceux-là même qui refusent catégoriquement la réalité de l’islamo-gauchisme parce qu’elle manquerait de scientificité. L’hypocrisie intellectuelle n’est jamais loin.

Mais au fond, peu importe. L’islamo-gauchisme n’est pas une discipline scientifique mais une idéologie politique qui pénètre les milieux universitaires. Et la question sous-jacente à laquelle l’enquête devra répondre est la suivante : la liberté académique existe-t-elle toujours dans les universités françaises ?

Parce que, ce qui est à craindre, c’est la force dévastatrice de cette tyrannie de la pensée. Cette opinion unique, fondée sur les questions de race, de religion, d’identité et de genre, qui exclut toutes les études qui ne se fonderaient pas sur ses présupposés, est à la manœuvre : Bernard Rougier et son livre sur Les territoires conquis de l’islamisme, financé par la région Île-de-France faute d’avoir pu trouver un soutien intellectuel et financier dans une université, en est une preuve. Mohamed Sifaoui, écrivain-journaliste, empêché par l’université de la Sorbonne de dispenser une formation sur la « prévention du radicalisme, et sur la détection des signaux faibles », en est une autre. Des étudiants de Sciences Po Paris qui demandent la mise en place d’un module obligatoire pour rééduquer les « étudiants non-racisés qui continuent à perpétuer du racisme », c’est un exemple de plus !

Peu à peu, l’université devient l’otage de la pensée unique ; cette pensée héritée de mai 68 et devenue dogme qui présente des réalités revues et corrigées. Ses adeptes bruyants et nombreux parent leur agenda et leur idéologie de méthodes pseudo-scientifiques ; ils ne font en réalité que réciter leur catéchisme : celui de l’islamo-gauchisme.


3 questions à l'Amiral Pierre-François Forissier

La crise du COVID semble avoir remis la notion de souveraineté au goût du jour : qu'en  pensez-vous ?  

La fin de la guerre froide et la disparition de l’URSS ont provoqué l’illusion que la démocratie  libérale et l'économie de marché n'auraient désormais plus d'entraves et que la guerre  deviendrait de plus en plus improbable.

Les attentats du 11 Septembre et les conflits qui les ont suivis, la crise mondiale de 2008 et, en  ce moment, celle de la Covid 19 ont balayé ces utopies qui, malheureusement, ont eu des effets  néfastes.

Des pans entiers de notre industrie et de notre potentiel de recherche ont disparus, nos intérêts  nationaux ont été noyés dans le grand bain européen, notre langue a cessé d’être défendue, et  nos pôles d’excellence française n’ont plus été un sujet de fierté.

Lors de l’arrivée soudaine et inattendue du virus, il est apparu que, la France, 6° puissance  économique mondiale, n’était plus en mesure d’assurer elle-même la sécurité sanitaire de sa  population. Nous avons été incapables de développer un vaccin et avons dû approvisionner en  urgence à l’étranger la plupart des matériels nécessaires pour faire face à la situation. A la mondialisation heureuse a succédé la dépendance humiliante.

Ce constat désagréable peut et doit avoir un effet salutaire. On peut par exemple imaginer de  prendre des initiatives visant à relancer la recherche, sanctuariser les industries stratégiques,  notamment celles liées à l’énergie et aux technologies de pointe, et surtout réaffirmer  publiquement que la France entend rester maître de son destin et de ses intérêts.

 

Retour des super puissances : quel rôle la France peut-elle et doit-elle jouer pour peser  sur la scène internationale ?  

Grâce au Général de Gaulle, la France est une puissance militaire majeure autonome, nucléaire  et membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cela nous oblige.  Le particularisme français est celui de la troisième voie, qui a trouvé toute sa dimension pendant  la guerre froide, et qui intéresse toujours tous les pays qui ne veulent pas être les otages d’une  confrontation entre deux grands blocs.

Il est urgent de renouer avec cette posture qui, loin d’être un positionnement tactique  conjoncturel, est plus profondément l’expression de la pensée et de la culture française.  Souvent taxée d’arrogante, la France doit affirmer avec force ses convictions, sans s’ériger en  donneuse de leçons, ni changer de posture en fonction des circonstances. L’engagement français  en Afrique qu’il faut saluer et maintenir avec détermination doit s’appuyer sur une politique  africaine et moyen-orientale claire et sans compromission qui s’inscrive dans la durée.  De même il est impératif d’avoir une vision de l’avenir de l’Europe et de ses relations avec son  grand voisin russe qui soit motivée par les intérêts des Européens et non par ceux des super  puissances.

Enfin, notre posture stratégique doit impérativement être en cohérence avec celle du Royaume Uni, seule véritable puissance parmi nos voisins.

 

Politique maritime : la France exploite-elle assez ce potentiel stratégique ?  

La France est une puissance maritime qui s’ignore. Elle a régulièrement la velléité de s’affirmer  comme telle mais ne fait pas l’effort de persévérer dans l’action dans la durée, ce qui rend sa  politique aléatoire et incohérente.

Nous nous félicitons dans les discours d’avoir la responsabilité du 2° domaine maritime  mondial, mais nous le laissons à l’abandon c’est-à-dire à la merci des prédateurs de toute sorte  qui font leurs affaires car la nature a horreur du vide. De plus, l’essentiel de cet espace est lié à nos départements et communautés d’outre-mer dont l’avenir à long terme ne semble pas être  une priorité forte de l’Etat central. La politique maritime ne peut pas et ne doit pas se réduire  aux questions du littoral métropolitain. Elle doit être océanique et mondiale avec un caractère  global affirmé et assuré.

En particulier la France est un des Etats du Pacifique, région qui devient chaque jour un peu  plus le centre du monde. La vision française ne doit plus être celle des bords de la Seine mais  celle d’un grand Etat du Pacifique.

Enfin on peut s’étonner, lorsqu’on observe la composition du Commonwealth ou que l’on  constate qu’Hawaï est un Etat des USA, qu’aucun territoire français du Pacifique n’appartienne  à l’Union Européenne.

 

Pierre-François Forissier est Amiral en 2eme section. Il a été Chef d’Etat-Major de la Marine de 2008 à 2011. Membre de l’Academie de Marine et chef d’entreprise il participe à la réflexion géostratégique et maritime.


3 questions à Maurice Berger

Pic d'homicides, phénomène de bande, violences gratuites en augmentation constante... quels sont les nouveaux visages de la violence aujourd'hui en France ? 

Depuis 40 ans, on constate que les comportements violents apparaissent de plus en plus tôt, souvent dès la maternelle ou le primaire, et les agressions sont, elles, de plus en plus graves. Autrefois, on frappait pour montrer qu’on était le plus fort, maintenant on frappe « jusqu’au bout », jusqu’à ce que la victime soit dans le coma et même après, ce qui peut occasionner d’importants dégâts cérébraux. La violence peut être « provoquée » en importunant une jeune fille de manière à ce que son compagnon soit obligé de s’interposer, ce qui fournit un prétexte pour le tabasser. Les attaques en meute reposent souvent sur des critères de territoire géographique ethnique, et sont menées par un leader qui profite du caractère influençable des autres membres du groupe. C’est alors la loi du plus fort qui prime, la question est la suivante : « qui va soumettre l’autre » ; la soumission à la loi républicaine devient quant à elle dénuée de sens. Ces sujets portent souvent une arme blanche dans l’espace public pour régler d’éventuels litiges, au lieu de passer par la parole. Dans ce domaine, nous avons changé de registre et de monde, mais pas de lois...

 

Pour tenter de justifier les comportements violents des jeunes, on met souvent en cause les problèmes d'assimilation, la stigmatisation ou encore les familles : qui sont les responsables de cette violence de plus en plus extrême ?

Beaucoup de parents peuvent l’être : quel que soit le milieu, ils ont parfois renoncé à poser des interdits cohérents à leurs enfants. Surtout, environ 70% des sujets violents ont été exposés à des scènes de violence conjugale pendant les deux premières années de leur vie, scènes qu’ils intériorisent précocement. Toute culture qui inclut une inégalité homme-femme favorise ainsi l’apparition de comportements violents chez les enfants, et ce n’est donc pas une question de précarité. On trouve aussi souvent une structure familiale clanique chez certaines familles. Un clan est un groupe qui fonctionne comme un corps dont la tête est un patriarche, aucun membre ne peut s’éloigner des autres physiquement ou en pensée car le clan se considérerait comme amputé. La supposée ghettoïsation est ainsi auto-sécrétée par le groupe familial.

 

Quels remèdes pourraient permettre une lutte efficace contre ces violences ?

En plus de l’aide à la parentalité quand elle est possible dans la petite enfance, la prévention devrait commencer par une pédagogie spécialisée dès le primaire (60% des adolescents en Centre Educatif Fermé ont un niveau intellectuel inférieur à la normale et décrochent). Mais le plus important serait de modifier nos lois, y compris celle de mars 2019, qui sont inadaptées à cette violence, et considérer que la sanction fait partie de l’éducatif. Le fonctionnement judiciaire doit se centrer sur la victime et la peine doit être proportionnelle aux dommages subis. Par ailleurs, en cas d’atteinte à l’intégrité physique, une butée doit être imposée rapidement avec des peines planchers éventuellement courtes mais anticipables avec certitude par les délinquants, accompagnées d’une prise en charge psychologique. Pour cela, le nombre de places de prison doit être augmenté. Les effets de l’impunité judiciaire des mineurs sont catastrophiques ; des adolescents ayant commis des violences importantes me déclarent : « je sais que même si je que je fais est grave, je n’irai pas en prison ». De plus, en France, on ne parvient pas à intégrer que beaucoup de sujets violents ne commencent à penser que lorsqu’on les empêche d’agir. Enfin il faut revoir en profondeur notre politique d’immigration, MNA inclus, jusqu’à ce que le niveau de violence diminue dans notre pays. En clair, nos lois très protectrices des libertés individuelles se retournent actuellement contre notre société, comme dans les maladies auto-immunes, et rien ne sera efficace sans prendre une distance par rapport à certains principes européens déconnectés de la réalité.

 

Maurice Berger est pédopsychiatre, psychanalyste et ex-professeur associé de psychologie de l’enfant. Il travaille en Centre Éducatif Renforcé et enseigne à l’École Nationale de la Magistrature. Il vient de publier un ouvrage : Sur la violence gratuite en France. Adolescents, hyperviolents, témoignages et analyses.


UN REGARD SUR... Le projet de loi confortant les principes républicains

Quelques jours après l’abject assassinat de Samuel Paty, Emmanuel Macron s’était enfin décidé à aborder le problème de l’islamisme et de sa propagation dans nombre de secteurs de la vie en société.

Dans son discours prononcé aux Mureaux, les mots étaient forts, ils sonnaient juste. Y était pointé du doigt un projet politico-religieux, l’islamisme radical, dont l’ambition est de constituer une contre-société, à travers une organisation méthodique pour « contrevenir aux lois de la République et créer un ordre parallèle, ériger d'autres valeurs, développer une autre organisation de la société, séparatiste dans un premier temps, mais dont le but final est de prendre le contrôle, complet celui-ci ».

A 18 mois de la fin de son mandat, le Président de la République semblait enfin avoir pris la mesure du danger mortel qui menace notre Nation. Mais, alors que le projet de loi confortant les principes de la République est examiné par le Parlement, que reste-t-il du discours des Mureaux ?

Rien, ou si peu.

La dénonciation de l’islamisme a pudiquement laissé place à celle du séparatisme puis à la défense des principes républicains. Le « réveil républicain » tant promis s’est métamorphosé en un patchwork de dispositions, parfois intéressantes, destinées à combattre des formes ponctuelles de repli identitaire à l’école, dans les services publics, dans les lieux de culte ou encore dans le tissu associatif.

Certes l’Etat aura désormais un droit de regard renforcé sur les agissements des associations et de leur financement, certes la polygamie et les certificats de virginité feront l’objet d’une vigilance particulière, certes les agents administratifs et les enseignants seront davantage protégés. Mais où est la grande ambition promise par Emmanuel Macron ?

Pourtant, il n’est pas trop tard et l’islamisme peut être vaincu, à la seule condition qu’Emmanuel Macron, ou son successeur, tire les conclusions du discours qu’il a lui-même prononcé.

Pour vaincre l’islamisme, le sursaut devra être global et s’attaquer aux causes et ne plus seulement tenter de soigner ses conséquences. Au premier rang desquelles l’immigration.

Sur les dernières années, la France accueille ou laisse résider sur son sol un solde net annuel de près de 300 000 personnes. L’équivalent de la ville de Strasbourg ! 300 000 personnes qui se dirigent invariablement vers les mêmes zones d’habitation dans lesquelles ils pourront soit bénéficier des solidarités traditionnelles soit profiter de la générosité publique. La persistance des flux migratoires (extension du regroupement familial par Emmanuel Macron, les plus de 90% déboutés du droit d’asile qui restent sur le territoire français…) et leur croissance ont fait reculer, voire disparaître, les éléments constitutifs de la culture et des coutumes françaises. C’est ce que regrette Claire Koç, fille d’immigrés turcs qui vient de publier Claire, le prénom de la honte. Elle y fait l’éloge de l’assimilation : « Ce qui me frappe, c’est qu’on nous affirme toujours que la France a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de l’étranger. Mais jamais on ne nous dit que l’étranger a beaucoup à apprendre ou à s’enrichir de la France. »

L’assimilation. C’est elle qui doit précisément redevenir la boussole des politiques publiques. Quelle fraternité civique peut être envisageable lorsque la haine de soi sert de nec plus ultra de la posture progressiste et lorsque les plus hautes instances de notre pays se complaisent dans l’excitation des rancœurs et frustrations identitaires d’une partie de la jeunesse française ? L’assimilation doit devenir une « assimilation de combat » : cessons de financer et de promouvoir les structures qui se font une spécialité de dénigrer la France et son histoire ; cessons de légitimer, en reprenant leur vocabulaire et leurs schèmes de pensée, les idéologies qui colportent les pires accusations fantaisistes sur son Etat.

Cessons enfin de faire d’une partie de la France un instrument d’influence au bénéfice de certaines puissances étrangères, peu au fait de notre conception humaniste et universaliste du monde. En maintenant, voire en renforçant l’Islam consulaire, à travers notamment l’écriture d’une « charte des valeurs » soumise aux fédérations musulmanes, rejetée par ailleurs par les plus intégristes, Emmanuel Macron persévère dans la faute originelle qui consistait à considérer les Français musulmans comme davantage musulmans que Français. Nos compatriotes musulmans ne sont pas une communauté distincte ou associée. Ils ne doivent donc plus dépendre de quelque manière que ce soit du Maroc, de la Turquie, du Qatar ou encore de l’Algérie.

Le sursaut est possible. Ils nécessitent d’emprunter un chemin ardu. Un chemin que l’actuel projet de loi ne trace malheureusement pas.

Paul, 30 ans, contributeur de l'équipe de Bruno Retailleau.


À son avis... Développement économique local : une urgence. Sébastien Laye

À MON AVIS, une grande partie du déficit de croissance et d’emplois en France peut être attribuée à sa désindustrialisation et en particulier aux délocalisations industrielles.

Avec un poids de l’industrie dans le PIB passé de 20% à 11% en quarante ans, alors que des pays similaires sont plutôt aux alentours de 15%, la France perd chaque année 100 milliards de valeur, que l’on retrouve dans les destructions d’emplois et dans notre abyssal déficit commercial.

Le pari d’une économie de services à la personne sans usines s’est retourné contre le peuple français, particulièrement en ces temps de COVID ! Le libre-échange a été mal compris par les élites françaises, qui l’ont assimilé à l’ouverture à tout vent de notre économie alors que notre tissu d’entreprises était fragilisé par les impôts, les taxes et les diverses réglementations les rendant incapables de concurrencer nos partenaires étrangers ; une mauvaise lecture de l’économiste Ricardo et des avantages comparatifs nous a conduit à sacrifier nos intérêts, à ne pas protéger nos secteurs stratégiques. Cela fut le cas lors de la signature de nombreux traités internationaux, encore récemment, comme le Mercosur ou le CETA que Bruno Retailleau et moi avons fermement vilipendés.

Retrouver ces emplois industriels locaux est une priorité pour lutter contre le chômage. Le savoir-faire français doit être remis à l’honneur, lui qui a un prix, le prix de la qualité que les consommateurs sont souvent prêts à payer. L’ère des chaines de production mondiale à bas cout et basse qualité est révolue. Pour relocaliser notre force de production, revoyons la fiscalité qui pèse sur elle et supprimons les impôts de production sur les nouvelles usines ! Encourageons aussi l'avènement d'une nouvelle génération de femmes et d’hommes politiques, de hauts fonctionnaires, qui ont la défense de notre souveraineté et de nos intérêts chevillée au corps lorsqu'ils négocient à Bruxelles, à Washington, lors des G7, avec les Chinois.

Le développement local, ce n’est pas uniquement une affaire de droit ou d’économie, mais aussi une question de volonté individuelle !

 

Sébastien Laye est un homme d’affaires dans l’immobilier et économiste. Ancien élève d’HEC, de l’IEP et du MIT. Il est actif dans le débat public depuis plusieurs années et a notamment écrit deux livres (Capital et Prospérité. Le retour de la croissance pour tous, Paris, éditions Alternative démocratique, 2016 et Stratégies d’investissement, Paris, Ellipses, 2013). Depuis 2016, il suit les questions monétaires et de politiques économiques pour l’Institut Thomas More.


A son avis... Où va la France ? Jacline Mouraud

Où va la France ?

À MON AVIS, la France s’enfonce pour quelques années, dans de multiples crises, prémisse de recul de nos libertés, de récession de notre économie et d’anémie de notre société.

Plusieurs phénomènes, accrus par l’incompétence et l’irresponsabilité de nos gouvernants, nous entrainent dans différentes spirales: la pandémie et son cortège de dégâts collatéraux, l’économie et sa cohorte de faillites, notre système de sécurité sociale et ses immenses gabegies, notre culture et son bâillonnement, notre sécurité et ceux qui l’attaquent... Tous les pans de la société s’effondrent en même temps, sans qu’Emmanuel Macron n’en prenne l’exacte mesure, tant son idéologie l’aveugle.

La France vit un changement majeur de société. D’un côté, ceux qui détestent notre patrie et sa bien-pensance tyrannique, de l’autre, les robustes résistants, ceux qui restent accrochés à leurs racines, ceux qui infatigablement, défendent le pays.

Les partis politiques sont moribonds. Nous assistons aux derniers soubresauts des clivages gauche-droite tels que nous les avons connus. Le dernier souffle n’est plus qu’une question de mois, voire de semaines.

La politique se fera et se fait déjà, sur des questions de hauts et de bas. Ceux qui, grâce à leurs puissances financières, pensent s'imposer au reste du monde, verront se soulever devant eux des murs de citoyens près à les faire tomber, poussés par le mal profond qui les étouffe depuis des décennies.

La France, notre France, la nation la plus admirée au monde pour bien des raisons, sera souveraine ou ne sera plus. Aujourd’hui, pour la sauver, il est primordial de choisir son camp. Comme Bruno Retailleau, j’ai choisi. Et vous?

Jacline Mouraud