Plutôt que de lancer une chasse aux sorcières contre nos militaires, le Gouvernement ferait mieux de lancer la chasse aux incendiaires.
11 mai 2021
Pour la seconde fois, en quelques jours, des militaires prennent la plume. Et pour la seconde fois, le débat prend un tour polémique et ne se situe pas, me semble-t-il, à la bonne hauteur.
Disons les choses : le devoir de réserve est assurément une exigence essentielle. Elle mériterait d’ailleurs de s’appliquer dans d’autres institutions. Car il est étrange que ceux qui exigent aujourd’hui des sanctions exemplaires à l’égard de ces militaires ne trouvaient rien à redire, hier, quand des juges épinglaient des visages sur le fameux « mur des cons ». Mais passons…
Cependant le débat n’est pas là. Tout simplement parce que le danger n’est pas là. Plutôt que d’agiter le fantasme du pronunciamiento militaire, le Gouvernement ferait mieux d’admettre ce que tout le monde voit. Oui, face à l’ensauvagement dans les quartiers, face au communautarisme, face à l’islamisme, face à cette haine anti France qui monte, notre pays risque de basculer, effectivement, dans une situation de guerre civile. Ce message, certains militaires l’envoient aujourd’hui, mais les policiers, les gendarmes, les pompiers, l’envoient depuis des mois déjà ! Du reste, l’ancien Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, avait lui-même lancé cet avertissement en parlant du risque de « face à face ».
Autrement dit, plutôt que de lancer une chasse aux sorcières contre nos militaires, qui ont risqué et risquent encore leurs vies pour la Nation, le Gouvernement ferait mieux de lancer la chasse aux incendiaires, à tous ceux qui sont en train de mettre le feu à la maison France. Car si nous ne voulons pas qu’un jour la force armée soit le dernier recours d’un Gouvernement qui serait dépassé, il nous faut redonner force à nos lois civiles, mais également à ce qui fait la force de notre civilisation.
Tout cela, le Chef de l’Etat et le Gouvernement le savent : ils disposent de toutes les remontées d’informations, de tous les capteurs sur le terrain. Ils savent que la réalité est dramatique. Mais cette réalité, ils préfèrent la dissimuler, tout simplement parce qu’elle engage leur responsabilité, parce qu’elle souligne leur déficit de volonté. La volonté, c’est bien ce qui fait défaut aujourd’hui. La crise sanitaire le démontre car dans la lutte contre le virus, l’Etat avait décrété la « guerre », déployant des moyens inédits et sortant du cadre juridique ordinaire, pour protéger les Français. Pourquoi ne fait-il pas de même, avec la même force, pour neutraliser ceux qui font, pour le coup, une vraie guerre à la France ?
Voilà où se trouve le vrai scandale. Voilà où doit se situer, je le crois, le vrai débat.
Bruno Retailleau
Président du groupe LR au Sénat